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 Spiritualité et Science-fiction

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sophie
Invité




Spiritualité et Science-fiction Empty
MessageSujet: Spiritualité et Science-fiction   Spiritualité et Science-fiction EmptyMer 15 Mar - 10:40

Ca n'est pas première fois qu'en lisant des bouquins de SF je retrouve des choses à consonnance chamanique (et donc spirituelle) très forte.
Notamment dans les bouquins de Pierre Bordage.
Je viens de terminer la lecture de Abzalon, de cet auteur, j'avais lu auparavant Les guerriers du silence et Rohel, qui étaient dans la même veine.
Il me semble (ça n'est que mon interprétation) que si certains choisissent de "transmettre" de façon très directe, en parlant de pratiques, de rituels, en utilisant le vocabulaire chamanique, Bordage est quelqu'un qui est très clairement branché, et a choisi de transmettre par le biais de la fiction.

J'ai recopié un passage qui m'a particulièrement touchée, dans Abzalon.
Et si vous êtes amateur du genre, je vous conseille vraiment la lecture des bouquins de Bordage... m'est avis que ça vous causera Wink

Comme c'est une oeuvre de fiction, je situe un peu le contexte : l'histoire raconte l'exode d'un peuple, suite à l'annonce de la destruction prochaine de sa planète. Ca se passe donc à bord d'un vaisseau, dans lequel vit clandestinement une créature nommée un Qval, qui incarne une sorte de gardien de la mémoire et de l'équilibre du monde, embarquée avec les humains pour aller les aider à reconstruire à partir de zéro sur la planète vers laquelle ils s'exilent.

Une jeune femme entraine son compagnon dans la rencontre avec le Qval, et il leur faut pour cela pénétrer dans une cuve bouillante où il y a des jets de vapeur à 150 degrés, se dépouiller de leurs peurs.
(Ca ressemble d'ailleurs étrangement à la hutte de sudation... en très exagéré bien entendu Wink )
Le père de la jeune fille est un homme nommé Abzalon, le premier à avoir découvert la présence du Qval, un ancien meurtrier sanguinaire, à l'apparence de brute épaisse, un monstre. Il y est fait référence dans le
passage que je copie.
Le passage en question est le "dialogue" entre le jeune homme et le Qval (qui s'exprime dans les passages en italique).
______________________

Maran fut projeté dans d'autres existences. (...) Elles n'étaient pas étrangères les unes aux autres mais fondues dans un ordre secret comme les fils d'une trame. Chacune d'elles occupait le centre,
chacune s'agençait de manière à permettre aux autres d'occuper le centre. Perçues comme indispensables ou négligeables dans l'univers matériel, elles prenaient toutes leur importance dans l'ordre invisible, elles plongeaient leurs racines dans le flot de l'humain, là où il n'y avait ni religion, ni préférence, ni force, ni faiblesse, mais seulement des expressions multiples de l'Un.
Il eut envie de partager son bonheur avec Djema. Il se tourna vers elle, elle lui rendit son regard, il discerna la même béatitude dans ses yeux verts. Il voulut la remercier, car sans elle il n'aurait pas eu le courage de s'engager sur ce chemin de souffrance, mais les mots étaient impuissants à décrire ce qu'il ressentait. Il perçut un courant de pensées qui formait un langage, qui ne provenait pas de Djema mais de la créature qui les abritait.
Sans elle, tu n'aurais pas eu le courage, sans toi, elle n'aurait pas eu la force.
Ce n'étaient pas des mots, le Qval s'adressait directement à son âme.
Les humains se figurent qu'ils préservent leur individualité en se divisant, en s'opposant. C'est exactement le contraire qui se produit. Ils deviennent alors des êtres séparés, limités par leurs perceptions. Ils sont prisonniers de leur temps, ils voient les effets, non les causes. Ils se tendent vers un but, vers un désir, vers un futur pour tenter d'oublier l'inexorable marche du temps, ils élargissent sans cesse l'espace qui les éloigne de leur véritable nature.
Djema avait raison, se dit Maran. Mon désir pour elle n'était qu'une tentative confuse, illusoire, d'arrêter le temps. En le réalisant je l'aurais consumé et je me serais retrouvé au point de départ, le coeur couvert de cendres, à l'affût d'autres désirs, d'autres projets, pris au piège par ma propre mémoire. Le désir n'est-il pas pourtant le moteur de l'être humain ? N'est-ce pas le désir qui lui a permis de s'élever au-dessus de sa nature ?
Le désir est un leurre, l'aspiration profonde est un chemin. Le désir relève de l'instinct de possession, de l'orgueil, l'aspiration recquiert de l'humilité, de la patience, de l'attention. L'un provoque les affrontements, les guerres, la destruction, l'autre inspire la compassion. Le désir
engendre le pouvoir, la conquête, la religion, l'exploitation ; l'aspiration suscite la compréhension. Le désir bâtit des prison, l'aspiration offre la liberté. L'un crée le temps, l'autre relie à l'éternité.

Je ne comprends pas pourquoi le Qval a choisi de communiquer avec Abzalon, un criminel, un homme qui s'opposait à l'expansion de la vie.
Abzalon n'avait pas de désir. Pour lui, seuls comptaient l'instant présent, la survie. Il n'échafaudait pas de projet à court ou long terme, il ne possédait rien, il n'avait aucune illusion sur lui-même, il ne se réfugiait pas dans le sein rassurant d'une religion, il se regardait tel qu'il était, même s'il en souffrait, il était ouvert en permanence au bruit de la vie. Il n'a pas été choisi, il était prêt à se rencontrer lui-même, sans artifice, sans faux-semblant.
Il torturait des femmes, il faisait souffrir les autres...
Les autres souffraient à travers lui, il oeuvrait dans cet ordre sous-jacent où leurs fils se rejoignent. L'univers se plie sans cesse aux désirs cachés de ses créatures.
Difficile d'accepter cette définition de l'ordre. Elle ne sert, me semble-t-il, qu'à justifier les actes monstrueux.
Tu refuses d'être assimilé aux bourreaux, d'être celui par qui le malheur arrive, et pourtant tu ne peux être dissocié de l'humanité, de ses crimes, de ses injustices. Tu te réfugies derrière une éthique, une morale, mais sache que des millions et des millions d'être vivants souffrent au nom de cette éthique, au nom de cette morale. L'intention, la volonté de convaincre, voilà l'erreur. Eulan Kropt commit cette erreur il y a de cela six mille ans du calendrier extérien : il voulut partager son expérience, mais les mots eux-mêmes sont des pièges tendus par le temps. Et ses proches utilisèrent son discours pour élaborer une religion, pour enclencher les mécanismes enfouis dans leur mémoire profonde. Ils n'agissaient pas par calcul, ils étaient sincères, mais ils ne se rendaient pas compte qu'ils initiaient un nouveau cycle de tourments, qu'ils édifiaient les murs d'une nouvelle prison.
J'aurai moi aussi envie de raconter ce que j'ai vécu dans cette cuve, de proclamer la beauté de la vie...
Alors tes auditeurs deviendront tes disciples, ils t'élèveront au rang d'un dieu, ils fonderont un culte sur ton nom. Ce n'est pas parce que tu leur auras désigné le but qu'ils s'engageront sur le chemin. Abzalon n'a jamais cherché à convertir quiconque, ni même d'ailleurs à percer le mystère de
l'ordre secret, il venait seulement déposer ses doutes et ses peurs comme un enfant s'abandonne dans les bras de sa mère.

Je persuaderai les autres de goûter ce bonheur.
Un désir, une expression de l'orgueil. Le Moncle, l'Hepta, la Fraternité omnique, l'Astafer et toutes les autres religions ont de la même manière voulu le bonheur d'autrui. Vois aujourd'hui où en est Ester, divisée, déchirée, sur le point de s'autodétruire, et l'A n'en sera pas responsable. L'étoile fait seulement partie de la trame.
Comment les amener à découvrir l'ordre secret ?
Ils découvriront d'eux-mêmes, si tu démontes leurs mécanismes pervers, si tu leur apprends la vigilance, la plénitude du présent, si tu les délivres du temps. Le vaisseau lui-même est inséré dans votre trame. Les particules les plus infimes qui le constituent subissent l'influence de vos pensées. Elles vibrent comme des notes tantôt harmonieuses, tantôt dissonantes.
Vous devriez nous haïr et combattre ceux qui ont saccagé votre monde.
Nous ne sommes pas animés d'intentions, nous veillons seulement à nous fondre dans l'ordre, dans le présent. Notre monde va bientôt mourir car sa symphonie est devenue trop discordante, mais nous sommes à jamais liés à l'humanité estérienne.
Qui etes-vous exactement ?
Les enfants de l'océan d'Ester, les gardiens des puits bouillants. L'eau et la chaleur est notre nourriture.
Pourquoi vous êtes-vous embarqués dans l'Estérion ?
Pour recommencer ailleurs avec vous. Ceux des nôtres qui sont restés sur Ester entreprennent le voyage vers le nouveau monde.
Dans combien de temps ? Avec quel vaisseau ?
Le temps n'a pour nous aucune importance, aucune incidence. Et quelques-uns des vôtres construisent un nouveau vaisseau dans la région du péripôle.
Les moncles et les autres finiront bien par nous rejoindre un jour sur le nouveau monde, ils nous déclareront la guerre, ils nous persécuteront.
Difficile d'échapper au temps, n'est-ce pas ? Inutile de s'enfermer dans une prison qui n'existe pas.
Vous n'avez donc pas de but, pas d'idéal ?
L'idéal, un concept manié par les religieux. On ne peut jamais l'étreindre, il s'éloigne au fur et à mesure qu'on s'en approche, il entraine ceux qui le poursuivent dans une incessante fuite en avant, il génère tous les fanatismes, il ne tolère pas l'acceptation, il prend bien des noms, dieu, omni, ordre cosmique, moncle, science, paradis, il est le principal allié du temps.
Ne recourez-vous pas à la science et au temps pour fabriquer votre vaisseau ?
Nous utilisons les éléments dont nous disposons, sans parti pris, sans jugement. La technologie nous permet de franchir le vide spatial, qu'elle en soit remerciée? Et le temps chronologique est parfois nécessaire pour les réalisations d'envergure.
Le temps chronologique ?
Le cycle naturel de l'univers. Jusqu'alors, nous parlions d'un temps psychologique, d'une perception subjective de l'avant et de l'après.
Qu'attendez-vous de nous ?
Que vous soyez vous-mêmes, que vous incitiez les autres passagers à l'être, que vous utilisiez toutes les ressources du présent pour restaurer l'harmonie dans la structure subtile du vaisseau.
Vous n'avez pas le pouvoir de le faire vous-mêmes ?
Seuls, nous n'y arriveront pas. Pas davantage que nous n'avons réussi à empêcher la dévastation d'Ester. Les pensées humaines sont d'une redoutable puissance. Nous avons proposé à Eulan Kropt de rapprocher ses frères de l'ordre absolu, mais la religion fondée sur son nom a été une note dissonante supplémentaire dans la symphonie.
Il vous arrive donc de vous tromper.
Nous n'imposons rien à personne, nous laissons à chacun sa liberté.
Dangereux...
La véritable liberté n'est pas dangeureuse. Elle coule comme une source intarissable, elle ouvre des voies vers le mouvement perpétuel.
Est-ce que nous nous reverrons ?
Aussi souvent que vous le jugerez nécessaire. Le feu vous épargnera si vous venez sans crainte, sans intention.
Je ne connais pas un être humain qui soit totalement dépourvu d'intention.
Nous en avons rencontré un : Abzalon.
Adressez-vous à lui en ce cas.
Il n'aspire qu'à l'apaisement. Nous respectons son chemin. Son fil brille d'un vif éclat sur la trame. Djema et toi avez toutes les qualités pour déjouer les pièges du temps.
Que se passera-t-il si nous n'y parvenons pas ?
Alors ce vaisseau risque de franchir les limites de la matière et de détruire l'univers.
Est-ce que je suis... vivant ?
Celui qui ressent est vivant, celui qui veut est mort.
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Flamme696

Flamme696


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MessageSujet: Re: Spiritualité et Science-fiction   Spiritualité et Science-fiction EmptyDim 26 Mar - 15:23

..heu...ça me rappelle un livre un peu plus simple : "Le pouvoir du moment présent"... nan ? clown lol!
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